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Une rentrée bien préparée

Voilà un mois qu’Hippolyte a fait sa rentrée au lycée Léonard de Vinci, à Levallois. Tout s’est très bien passé ! Mais cela n’allait pas de soi car après quatre année où il était chouchouté par l’équipe de l’ULIS* de son collège, il allait devoir se débrouiller (presque) tout seul.

Lorsque l’on choisit le milieu scolaire dit « normal », il faut anticiper et organiser les choses avec les équipes pédagogiques bien avant la rentrée.

Dès la journée Portes Ouvertes, avant même d’émettre des voeux pour le lycée, nous avons rencontré l’infirmière du lycée pour visiter les locaux avec elle et évaluer la possibilité de l’accueil d’Hippolyte et de son fauteuil. Toilettes, cantine, salles de classes, ascenseurs, amphi… nous avons vérifié qu’il pourrait aller partout. C’est important de ne rien négliger : nous avons entendu parler d’un lycéen qui ne peut suivre aucun TP de sciences car les labos sont inaccessibles dans son lycée ! Avec l’infirmière, nous avons évoqué les besoins spécifiques d’Hippolyte :  l’aide pour l’installation en cours et pour le self,  les toilettes dédiées, la salle pour les séances de kiné effectuées sur le temps scolaire par le SESSAD**, le badge à demander à l’intendance pour prendre l’ascenseur, etc. L’infirmière a écouté attentivement et nous a rassurés : le lycée accueillait déjà des élèves handicapés et chercherait des solutions pour tous les besoins évoqués.

Nous pouvions donc mettre cet établissement en tête de notre liste de voeux… (En réalité, c’était le seul de l’académie qui était accessible et qui nous offrait l’assurance qu’Hippolyte pourrait être accueilli dans de bonnes conditions, comme nous l’avons raconté ici) Puis nous avons croisé les doigts pour qu’Hippolyte y soit admis.

A la réception de l’affectation d’Hippolyte en juin, les perspectives étaient donc dessinées. Nous avons effectué l’inscription administrative puis, début juillet, j’ai demandé à rencontrer Madame le proviseur. Cela aussi est important car le proviseur  doit également anticiper l’organisation de l’inclusion des élèves à besoins spécifiques. Dans notre cas, c’est elle qui a demandé si Hippolyte aurait un  Auxiliaire de Vie Scolaire et qui a mis en place l’organisation des premiers jours de classe. Pour l’AVS, nous en avions fait la demande bien en amont à la MDPH*** (vers le mois de février-mars). Mais elle savait que le recrutement ne se ferait pas dès le mois de septembre. Elle a donc organisé, toujours avec l’infirmière, l’intervention d’un AVS déjà affecté à un autre élève pour la première semaine d’Hippolyte. Nous avons également parlé de la classe où inscrire Hippolyte. Nous avons convenu ensemble que la classe européenne aurait peut-être un emploi du temps trop dense, compte tenu de sa fatigabilité et des séances de rééducations obligatoires, et demanderait un investissement trop important, même si le niveau scolaire d’Hippolyte permettait d’en faire la demande. J’ai indiqué qu’une classe à projet pourrait lui permettre de s’intégrer plus facilement dans un groupe où il ne connaîtrait personne mais où il aurait régulièrement besoin de l’aide des autres élèves. Elle a donc inscrit Hippolyte en classe projet « Histoire des sciences ».

Les premiers jours, c’est Richard, l’AVS, qui a aidé Hippolyte à se repérer, à prendre l’ascenseur, à s’organiser pour aller aux toilettes, qui l’a accompagné en cours et lui a porté son plateau à la cantine. Mais il a également expliqué à chaque professeur qu’Hippolyte pouvait se passer de lui à condition qu’on l’aide à retirer son manteau, qu’on retire une chaise pour qu’il puisse s’installer, qu’on lui donne son sac et qu’on l’aide à le ranger, etc. Petit à petit et naturellement, ce sont donc les professeurs et les élèves qui ont assuré cette installation. C’était le but recherché car, à part cela, Hippolyte n’a pas besoin d’AVS en classe. Il écrit, à la main ou sur son ordinateur et n’a pas de problème pour prendre des notes. Pour la cantine, il était également accompagné par Richard, qui déjeunait avec lui les premières semaines. Il déjeune maintenant régulièrement avec des gens de sa classe, qui l’aident avec son plateau. Il a même retrouvé deux-trois copains du collège, qui ne sont pas dans la même classe que lui mais qu’il retrouve à la cantine. Pour les trajets, il aurait pu bénéficier d’un transport en taxi mais il a préféré s’en passer. Il va au lycée en bus, ne dépend pas d’un chauffeur lorsqu’un professeur est absent et peut rentrer à la maison ou aller faire une course au centre commercial. Bref, la liberté du lycéen ! Enfin, quand le fauteuil est en état de marche, mais ça c’est une autre histoire…

Nous avons eu énormément de chance car le lycée Léonard de Vinci a une  vraie politique d’inclusion, qui a donné la preuve de son efficacité. Les membres des équipes pédagogique et administrative ont été à l’écoute et réactifs.  Ils ont un réel souci de rendre les choses faciles pour Hippolyte, tout en le considérant comme un lycéen comme les autres. Il nous a suffi d’aller vers eux en exprimant clairement les besoins, qui ont été entendus et pris en compte.

Cela dit, si nous n’étions pas allés à leur rencontre, ce travail n’aurait pas pu être fait. Une inclusion scolaire réussie implique un partenariat entre les familles et les établissements et doit être organisée, de part et d’autre, en amont et dans le dialogue. Toutes les étapes ont été importantes et ce dialogue continue, notamment avec les professeurs, que je suis allée voir dès la réunion de début d’année et qui sont également disponibles et à l’écoute. Alors les petits soucis de début d’année, les clés ou tickets oubliés, les cartes de cantine perdues, les batteries à plat, ce n’est pas grand-chose finalement. C’est en fait le quotidien d’un jeune lycéen qui apprend l’autonomie…

 

*ULIS Unité spécialisée pour l’Inclusion Scolaire

**SESSAD Centre de soins à domicile

***MDPH Maison des Personnes Handicapées

 

 

 

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